LA BANQUISE, LES REQUINS ET… INTERNET !

LA BANQUISE, LES REQUINS ET… INTERNET !
23 mars 2015 Douze Avril

facebook sweden website

Internet peut fondre, au même titre que la banquise. On l’oublie souvent, mais Internet est fait de câbles, de métal et de tuyaux et il est aussi vulnérable face aux éléments déchaînés qu’une centrale électrique ou un réseau téléphonique. Des milliers d’habitants de la ville de Perth, en Australie, ont fait une terrible découverte le 5 janvier: Internet avait littéralement fondu. Le deuxième fournisseur d’accès Internet du pays, iiNet venait de succomber aux fortes chaleurs (45°C à l’ombre!)  Selon un communiqué de la compagnie, l’interruption de service de son centre de données de Perth a été consécutive à une panne des deux systèmes de refroidissement (le principal et celui de secours). La chaleur a naturellement exacerbé le problème, ce qui a contraint iiNet à éteindre certains de ses serveurs par mesure de sécurité. La montée des températures et les climats extrêmes en général, provoqués par le réchauffement vont avoir de plus en plus d’impact sur les infrastructures. Nous ne le réalisons pas vraiment, mais les climats extrêmes, la rareté et la cherté croissante de l’eau ainsi que la hausse des températures pourraient avoir des répercussions désastreuses pour les compagnies du secteur des technologies. L’eau est importante pour le refroidissement des machines dans les secteurs de l’information et de la communication, à en croire un rapport de Business for Social Responsibility, et la hausse des températures va provoquer un nombre croissant de pannes.

Néanmoins, la vulnérabilité d’Internet est bien connue et elle n’est pas due qu’au climat. Il suffit de se souvenir des inquiétudes de Google à propos de la menace que feraient peser les requins sur ses câbles optiques, la Géorgienne qui provoqua la coupure complète d’Internet en Arménie alors qu’elle creusait le sol pour récupérer du cuivre, ou les trois hommes arrêtés en Egypte en 2013 alors qu’ils tentaient (dit-on) de couper les câbles sous-marins qui procurent à l’Egypte et à l’Europe la majorité de sa connexion Internet. Mais les hautes températures sont particulièrement problématiques (et plus probables que les attaques de requins) parce que la gestion d’un centre de données consiste pour l’essentiel à éviter la surchauffe des serveurs. Une hausse de températures (due à une actualisation ratée de logiciel et pas au climat) avait provoqué la mise hors service d’Outlook et d’Hotmail pendant près de 16 heures en 2013. Comme Slate le faisait alors remarquer, les centres de données dépensent souvent autant d’énergie à refroidir leurs serveurs qu’à les faire fonctionner.

En France aussi, les serveurs ont parfois trop chaud et la climatisation tombe en panne. C’est ce qui est arrivé à un datacenter situé à Nanterre en 2011, provoquant un ralentissement et l’arrêt de plusieurs sites. ZDNet racontait à l’époque que la température était passée des 16°C réglementaires à plus de 55°C, «ce qui a provoqué une panne en cascade des serveurs et donc des sites Web associés malgré les ventilateurs (sic) installés d’urgence».  Le 9 mars 2014, Paris a battu un record de chaleur. Et un datacenter, parmi les cinq premiers de France, a eu un «gros coup de chaud», la climatisation tombant en panne quelques heures.  Par ailleurs, quand des sites américains sont touchés, les internautes français en pâtissent également. On l’a vu au moment de l’ouragan Sandy, les sites du Huffington Post français, britannique, etc. n’étant par exemple plus accessibles.

Au final, le caractère physique d’Internet signifie qu’il ne sera jamais totalement fiable. Notre vie en ligne repose sur des systèmes de climatisation, des interrupteurs et des systèmes d’alimentation et il est très difficile de se préparer à quelque chose qui ne s’est jamais produit auparavant. Mais souvenez-vous de ces histoires de requins soudains attirés par les fibres optiques de Google ou de la mémé géorgienne avec sa pelle: les hausses de températures record ne sont qu’un problème parmi tant d’autres. Températures extrêmes, inondations et autres phénomènes climatiques provoqués par le réchauffement risquent bien de montrer aux responsables de notre infrastructure Internet que l’inattendu est finalement la seule chose certaine.

#Internet #Climat #Chaleur #Informatique #requin